Et la commère s'affaissa avec lenteur, comme un film au ralenti! N’en resta qu’un petit paquet de chiffons sur le sol battu de la cabane. C’est bien peu pour toute une vie, une vie de femme étrange venue mettre en garde les habitants de la forêt. Il fut décidé que son sacrifice, que personne ne comprenait vraiment, ne serait pas vain. Les habits restant seront mis à profit pour piéger ce chasseur détestable.
Il ne leur fallut pas attendre trop longtemps pour voir arriver la commère du village. Elle manquait à l’appel et tous s’en inquiétaient, c’était trop inhabituel. Cette vieille passe ses journées à marcher à l'orée des bois feignant d'écouter les gazouillis, mais faisant en fait le plein de rumeurs et ragots à transporter dans les oreilles de ceux qui les tendent et se délectent des qu’en dira-t-on. Cette femme dont on ne connaissait pas l’âge portait en elle une douleur si profonde que ses os en étaient marqués. Son visage reflète une tristesse insondable, de celles qu’aucune larme ne soulage. Elle en avait développé une sécheresse de ton, une allure rigide dont Ava n’était pas dupe. La carapace de la vieille protégeait son tendre cœur des coups durs que la vie ne cesse de porter à tous. Ses premiers mots furent retenus comme une prédiction: — Mes amis, je vous le dis, le pire est à venir!